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Le football turc gangrené par la violence : menaces, violences et politisation du sport

Le football turc gangrené par la violence : menaces, violences et politisation du sport

En Turquie, la violence dans le football est un phénomène récurrent, tant dans les stades qu'en dehors. Le 10 février dernier, cette violence a pris une tournure tragique lorsqu'un supporter de Galatasaray a tué par balle un fan de Fenerbahçe à Düzce, dans le nord-ouest de l’Anatolie. Ce meurtre, survenu à la suite d’une altercation entre supporters des deux clubs rivaux d'Istanbul, a été traité comme un simple fait divers, tant les incidents violents sont fréquents dans le pays, notamment lors des matchs de football.


Si la situation est préoccupante aujourd’hui, elle n’est pas nouvelle. Dans les années 2010, des événements choquants, comme un incendie dans le stade de Fenerbahçe ou des tirs sur le bus de l’équipe, avaient déjà marqué les esprits. En réponse, les autorités avaient mis en place des mesures de sécurité renforcées, incluant des sanctions plus sévères et un système de contrôle des spectateurs (Passolig). Mais en réalité, ces textes sont souvent mal appliqués, et l’impunité reste une constante.


Une fédération politisée et corrompue

Le problème ne se limite pas à la violence sur les terrains. En Turquie, le football est étroitement politisé, notamment sous le gouvernement du parti AKP de Recep Tayyip Erdoğan. L’opposition dénonce la mainmise de personnalités proches du gouvernement, voire de la mafia, sur la gestion des grands clubs et de la Fédération turque de football. Ces critiques pointent également l’incapacité à résoudre le problème du surendettement des clubs, souvent chiffré à plusieurs centaines de millions de dollars.


De plus, le climat de violence et de tensions est exacerbé par les accusations récurrentes de corruption. Les relations entre les clubs et les arbitres sont de plus en plus tendues, avec des accusations constantes de partialité chaque fois qu’une équipe perd. Un exemple marquant a eu lieu en novembre 2024, lorsqu’un ancien président du club Ankaragücü a été condamné à plus de trois ans de prison pour avoir agressé un arbitre. Ce dirigeant était également un ancien député du parti d’Erdoğan.


Une solution inédite : des arbitres étrangers

Face à ce climat de violence et de tensions croissantes, la Fédération turque a décidé de recourir à des arbitres étrangers, en particulier pour les arbitres vidéo. Cette mesure a été mise en place lors du derby entre Galatasaray et Fenerbahçe le 24 février 2025, un événement historique puisque c’était la première fois depuis 1970 qu’un match de championnat turc était arbitré par un étranger. Cette initiative vise à apaiser les tensions avec les arbitres locaux, mais il reste à voir si elle suffira à résoudre les problèmes plus profonds du football turc.


Les partis d’opposition, notamment le CHP, soulignent que la politisation du sport, avec des dirigeants de clubs liés au pouvoir, contribue largement à l'instabilité actuelle. Sevda Erdan Kiliç, députée du CHP, a critiqué l’alliance entre football et politique, estimant que le sport est désormais associé à la fraude, aux matchs truqués, et à la violence.


Par Maignan François le 11 mars 2025 à 15:10

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