Un tourbillon de buts devenu banal

Entre Barcelone, Madrid, Lyon, et les grandes nations européennes, les festivals offensifs à plus de huit buts ne choquent plus personne. Les matchs deviennent des shootings de dopamine : Benfica-Barcelone à 9 buts, Espagne-France à 4-5, Manchester United-Lyon, Real Sociedad-Real Madrid... Le ballon file d’un but à l’autre, les défenses s’évaporent, les tactiques implosent. Tout cela au nom du spectacle.
Des joueurs adolescents qui enchaînent 55 matchs par saison, des défenses aussi perméables qu’un filet de pêche, des équipes coupées en deux qui n’aspirent qu’à attaquer... Le football contemporain est devenu une déferlante offensive où la maîtrise tactique semble être reléguée au second plan. Le terrain n’est plus qu’une scène pour les actions folles, les passes risquées, et les célébrations répétées.
La dose quotidienne
Depuis la "Remontada" de 2017, l’improbable est devenu la norme. Finale de Coupe du monde à 3-3, Ligue des champions terminée à 5-0, Ligue 2 à 4-4… Le football s’est transformé en série addictive à épisodes quotidiens. Peu importe la compétition : Ligue 1, Coupe du monde des clubs, Ligue Europa... Le public regarde, consomme, en redemande.
Le jeu moderne s’apparente aux folies tactiques des années 30 ou 50, où les schémas 1-2-7 ou 2-3-5 régnaient sans logique défensive. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’est pas l’ignorance tactique qui gouverne, mais une frénésie de contenu. Le match est un produit audiovisuel avant d’être un affrontement sportif.
Le foot, cette drogue douce
En 2025, le football est devenu une industrie de l’émotion. Jean-Michel Aulas le disait déjà en 2007 : « Nous ne sommes pas un club de football, mais une holding de divertissement. » Aujourd’hui, tout est fait pour que l’écran clignote, que les yeux brillent, que les esprits s’embrasent.
L’incertitude sportive n’a plus lieu d’être sauf entre mastodontes : PSG, Bayern, Real, City… Eux seuls peuvent perdre ou créer un miracle. Le reste est un décor. L’exploit de l’Ajax en 2019 devient l’exception qui confirme la règle d’un football pyramidal, verrouillé par les puissants.
Vers l’écoeurement ?
Pas encore. La majorité continue de vibrer. Les émotions, la tension, les retournements de situation existent encore, même s’ils sont scénarisés. Mais rappelons que la beauté d’un 5-4 réside dans sa rareté, pas dans son industrialisation.
Le football, c’est aussi un Brest-Reims (0-0), un Châteauroux-Aubagne sous la pluie. Un match moche avec de vrais ratés. Un plaisir construit sur le contraste.
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