Une leçon de foot-boulimie : quand le spectacle prime sur la maîtrise

Cette saison, les matchs à plus de huit buts se multiplient, de Barcelone à Lyon, en passant par l’Espagne et la France. Sans véritable contrôle, les équipes offrent un déluge de buts, un show permanent, rythmé tous les trois jours. Le spectateur, lui, avale tout comme un simple consommateur de Kings League.
Des rencontres folles
Entre le Benfica-Barcelone à neuf buts, les demi-finales de Ligue des champions entre Barcelone et l’Inter, le choc Espagne-France marqué par neuf buts, ou encore des affrontements comme Tottenham-Manchester United en League Cup, la tendance est claire : le football devient une explosion offensive sans retenue. Sur le terrain, les équipes affichent souvent des failles défensives dignes d’un cauchemar. L’équilibre tactique vole en éclats, laissant place à un jeu d’attaque pure, souvent désordonné mais spectaculaire. Les arbitres, presque impuissants, laissent filer le spectacle.
La dopamine du foot
Depuis mars 2017, l’irrationnel est devenu la norme, et les spectateurs en redemandent. Qu’importe la compétition ou le niveau : Ligue 1, Ligue 2, Ligue des champions ou Ligue des nations, la soif de buts ne s’éteint pas. La Coupe du monde des clubs arrive, et la tentation de suivre chaque match est grande. Le football s’apparente désormais à une addiction, une drogue dont on ne se lasse pas.
Un héritage ancien
Ces orgies offensives rappellent des époques révolues, comme l’Autriche des années 1930 ou la Hongrie des années 1950. Avant 1960, la majorité des matches à neuf buts et plus étaient monnaie courante, dans un football où la tactique laissait une large place à l’attaque brute et où la réglementation était moins stricte. Aujourd’hui, ce spectacle survient dans un contexte bien différent, où l’argent et la médiatisation dominent tout.
Nuits de folie, business et émotion
Le football moderne capte toutes les ressources financières et symboliques, et se consomme comme un spectacle permanent. Le mérite sportif cède du terrain au show et aux émotions, parfois exagérées. Deschamps peut se réjouir de la possession, mais ce qui compte surtout, c’est que les yeux brillent. Les grandes équipes dominent leurs championnats, avec peu d’incertitude, et les vraies surprises ne surviennent qu’entre ces mastodontes.
Ce cocktail de séduction et de performances extraordinaires ne semble pas prêt de s’arrêter. Pourtant, c’est dans la rareté que réside la beauté du spectacle. Le football, c’est aussi un Châteauroux-Aubagne moche sous la pluie, un Brest-Reims crispant. Le contraste fait le plaisir.
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