Ancien président de l’Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud a partagé plusieurs idées audacieuses pour redynamiser le football français. Inspiré par le modèle américain, il préconise une refonte profonde du championnat pour lui redonner de la valeur et assurer sa pérennité financière.

Vers une Ligue 1 fermée ?

L’une des mesures phares proposées par Eyraud est la mise en place d’une ligue fermée, qu’il préfère appeler « championnat de l’élite ». Ce système regrouperait 16 clubs sélectionnés selon des critères précis : taille du marché et de la population locale, performances sportives sur les 20 dernières années, audience TV et infrastructures.

"J’octroierais deux licences à des clubs parisiens, car la rivalité locale est un élément clé pour captiver les supporters", explique Eyraud dans une interview pour Challenges. Dans ce format, chaque club recevrait le même montant de droits TV, garantissant ainsi une meilleure solidarité entre les acteurs du football français.

Pour soutenir le football amateur, un investissement initial serait exigé pour obtenir une licence, avec une partie des fonds reversée à la Fédération française de football (FFF) et à la Ligue de football professionnel (LFP). De plus, toute revente de licence inclurait une taxe de 10% destinée au développement du football à la base.

Un accès encadré pour les clubs de Ligue 2

Eyraud ne veut pas totalement exclure les meilleurs clubs de Ligue 2. Il propose d’accorder une place temporaire aux deux premières équipes du classement, qui disputeraient une saison en Ligue 1 avec des ressources financières supplémentaires (droits TV, billetterie, sponsoring).

Pour éviter les déséquilibres financiers, un salary cap serait instauré, calculé en fonction de la situation économique de chaque club, avec une masse salariale minimale obligatoire pour prévenir les dérives.

L’introduction des playoffs à la mode américaine

Selon Eyraud, le football français doit s’inspirer du modèle américain pour dynamiser son attractivité. Il propose d’instaurer un système de playoffs pour attribuer le titre de champion, comme en NBA ou en NFL, où le vainqueur de la saison régulière est loin d’être systématiquement sacré.

"Ce serait un moyen d’apporter plus de suspense et d’incertitude, donc plus d’intérêt. Aujourd’hui, des clubs comme le PSG, le Bayern ou le Real Madrid dominent trop souvent leurs championnats respectifs. Avec des playoffs, nous aurions plus de diversité dans les titres et un spectacle plus engageant pour les diffuseurs et les sponsors", argue Eyraud.

Dans son modèle, les quatre premières places resteraient qualificatives pour les compétitions européennes, mais le titre se jouerait à l’issue d’un tournoi final réunissant entre quatre et huit équipes.

Un appel au changement radical

Conscient que son projet pourrait heurter les traditions du football français, Eyraud insiste sur la nécessité d’une transformation en profondeur.

"Certains diront que ce n’est pas dans notre culture, mais ce conservatisme nous a menés à une situation critique : une Ligue 1 déficitaire de 1,2 milliard d’euros par an, qui survit en vendant ses meilleurs talents. Si l’on se satisfait de cela, alors il ne faut rien changer. Sinon, il faut faire preuve de courage et introduire des innovations radicales", conclut-il.

Une vision disruptive qui ne manquera pas de faire débat dans le monde du football français.